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T'es crevé. Même pas supposé être en ville — mais tu n'avais pas la moindre envie de passer la soirée seul, maintenant que tu y étais. India n'était pas encore rentrée de la compétition qu'elle encadrait. T'en étais pas malheureux, tu devais l'avouer. Pas envie de lui faire payer ta mauvaise humeur, que la dispute avec Marsali avait immanquablement laissée. Vous auriez dû célébrer : le loup-garou était mort, ses victimes pouvaient reposer en paix. Vous vous étiez bien démerdés, tu t'en étais tiré avec à peine une coupure qu'elle avait refermée en quelques points de suture bien menés. Et puis, tout avait dérapé. Comme votre vie le faisait si souvent, depuis que vous étiez rentrés de votre voyage improvisé.
Les éclats de voix avaient volé. Tu l'avais dominée de toute ta hauteur, et ça n'avait fait que davantage l'énerver. Les doigts pointés dans le visage de l'autre, les hurlements à ne plus s'en entendre penser — les coups de paume contre le torse, le poignet que tu lui avais trop serré, la gifle qui avait fusé. Ses ongles sortis avaient laissé une marque le long de ta joue. Griffure qui brûlait depuis, comme un rappel de la honte et de la colère qui ne redescendait pas. Vos routes s'étaient séparées en tornade. Elle était repartie pour Blackwater Falls, et toi pour Calgary. Sans même vous dire au-revoir. Vous vous appelleriez dans plusieurs jours, sans en reparler. Dans le meilleur des cas, des excuses marmonnées. Admettre vos torts n'avait jamais été votre point fort.
T'étais rentré chez toi pour trouver l'appartement vide, et t'avais balancé ton sac sans savoir quoi faire pour te passer les nerfs. Un verre trop généreusement servi, sur le comptoir de la cuisine. Les murs encore trop neufs, l'environnement auquel tu continuais de t'habituer. T'aimais l'endroit. Mais ce soir, t'avais pas envie d'être là. Tout te rappelait India. India te rappelait Marsali. Marsali te rappelait ta colère, votre relation gâchée, et ton déménagement précipité. Ça n'avait pas de fin. Et tout ce que tu voulais, c'était oublier.
Tu ignorais comment l'idée t'était venue, mais tu avais trouvé un peu de paix dès qu'elle t'avait effleurée l'esprit. Mabel que tu n'avais pas vue depuis des mois. Pas même depuis que tu avais de nouveau emménagé à Calgary, où elle vivait aussi. T'avais été occupé, à enchaîner les quarts de travail au bar qui t'avait embauché, à mettre les bouchées doubles pour gagner un peu de stabilité. À recoller les morceaux, avec India. À partir en chasse avec Marsali, dès que l'occasion se présentait. À ne pas savoir comment réparer votre relation aussi. La tête profondément enfouie dans tous les tracas de ton quotidien, t'avais à peine eu le temps de balancer quelques messages à ta cousine. Voilà qui était rectifié. Proposition spontanée, que tu avais espéré de tout coeur la voir accepter. Gagné.
L'automne tombait. Tu avais enfilé une veste avant de sortir, remonté un peu le col pour te protégeait du vent qui soufflait sur les rues de Calgary. T'aurais pas été étonné que les premières neiges pointent bientôt le bout de leur nez. Et t'avais pas envie d'y penser. Le pas rapide, jusqu'à l'adresse du bar sur lequel vous vous étiez décidés. Tu jettes un coup d'oeil à ton téléphone en arrivant. Quelques minutes de retard, à peine. Connaissant Mabel, elle serait déjà là. Un coup d'oeil circulaire dans le bar permet de confirmer tes soupçons. Assise à une table, un verre déjà en main. Le brouhaha est bas. L'ambiance, rassurante. Tu ne te souvenais pas être déjà entré — et tu ne regrettais pas qu'elle ait choisi cet endroit.
« Hey. » Ton sourire est déjà grand, quand tu arrives à la table. Malgré la mauvaise humeur, la fatigue, les cernes sur tes traits. Tes cheveux encore mouillés de la douche que tu avais rapidement prise avant de rappliquer. « Nice place. Can't believe I never came in. » Elle est pas des plus tactiles, Mabel — et tu le sais. Mais toi, tu l'es. Et elle n'y coupera pas. Pas après tout ce temps. Et on dirait qu'elle le sait. Se lève pour te saluer. Tu passes un bras autour de ses épaules pour l'attirer contre toi. Une accolade douce, sincère. Elle est toute petite, contre toi. Au moins, certaines choses ne changent pas. Tu te décolles bien vite pour ne pas lui infliger la gêne d'un contact prolongé, retires ta veste et la balances sur la troisième chaise, inoccupée. Tu t'installes sur celle qu'on t'avait réservée, défais les boutons de poignet de la chemise que tu avais enfilée en guise de pull. Un oeil au menu, alors que tu roules les manches pour être mieux installé. « Shit. There's so many brews. » De tes manches relevées se dessine le bandage que Marsali t'a fait. La moitié de ton avant-bras enveloppé. Tu t'es pas loupé. « What are you having ? » Tu as reporté ton regard sur elle. Sourire aux lèvres, curieux du contenu de son verre. Le coeur plus calme, à être ainsi installé en sa compagnie. Sachant qu'il n'y aurait pas de prises de tête, avec Mabel. Qu'elle ne te jugeait pas, et qu'elle t'offrirait l'oreille la plus impartiale qu'il soit.
Tu as les jambes lourdes d'avoir passé la journée debout. Heures routinières à la clinique vétérinaire où tu travaillais depuis ta graduation, à voir quelques clients et à s'occuper du reste. Tu aimais ce que tu faisais, et tu avais l'esprit tranquille - le corps fatigué, certes, et les pensées un peu déconnectées de la réalité à ne faire qu'enfiler le boulot et le sommeil. Mais c'était comme ça que tu étais bien, au fond. Tranquille dans ton appartement, à grignoter un plat de pâtes, regardant un truc qui passait à la télévision. Tu lirais un peu, tu irais au lit de bonne heure, et tu serais debout à l'aube comme à ton habitude. Jo n'avait pas besoin de toi ce soir, à la maison avec son garçon - et tu n'avais rien à penser.
Alors que tu viens de terminer la vaisselle de ton repas, ton téléphone se mets à vibrer, et tu ne peux retenir ton sourire en voyant le nom de ton cousin s'afficher. Un bout de temps que tu avais eu des nouvelles d'Akan - et voilà qu'il te propose d'aller prendre un verre pour rattraper le temps perdu. Tu acceptes sans trop d'hésitation. Ça te fera du bien de sortir un peu, même si tu sais que tu rentreras probablement tard. Tu lui donnes l'adresse d'une brasserie où tu étais allée avec des collègues quelques semaines auparavant, et tu ne perds pas de temps. Tu prends une douche, tu enfiles un nouveau pull et des jeans, et te voilà sortie dans le vent automnal.
Quelques minutes plus tard tu es installée à une table, ta bière commandée, d'avance comme tu l'étais toujours - mais ça ne te gêne pas du tout d'attendre. Ton cousin apparaît pas si longtemps après toi, tu le repères sans peine - difficile de le manquer, après tout. Tu te redresses pour l'accueillir, un sourire sincère sur tes lèvres. « Hey. Nice place. Can't believe I never came in. » Tu acceptes son étreinte sans trop t'obstiner, parce qu'au fond quand il s'agit d'Akan, ça ne te gêne pas vraiment. « Told you it was nice. » Tu lui rends son câlin, affectueuse sans trop t'attarder non plus, et tu reprends ta place sans plus tarder. « Shit. There's so many brews. » Tu ne manques pas de remarquer le bandage autour de son bras alors qu'il roule sa manche - et tu arques légèrement un sourcil. « What are you having ? » Tu lui désignes ton choix sur le menu. « Bonny's Drink. It's a red ale. » Le petit thème de piraterie t'amusait plus ou moins, mais la bière était bonne et c'était tout ce qui important vraiment pour toi. Un sourire tranquille sur tes traits, alors que tu donnes à ton cousin un petit signe de tête.
« What happened there ? » Tu désignes le bandage qui enroule son bras, anxieuse tout de même de savoir s'il avait eu un accident ou quelque chose du même genre. « Does it explain why you haven't given me a call these past few months ? » Tu ne fais que le taquiner un petit peu, cependant. Tu ne lui en voulais pas le moindrement - à chacun sa vie, à chacun son rythme. Tu étais loin d'être la reine pour donner des nouvelles aussi, de toute façon. « How's India ? » Tu t'enquiers aussi, curieuse d'en savoir un peu plus sur la copine de longue date à ton cousin.
par zaja
Akan Mohren
demon // breaking bad
célébrité : tamino.
crédits : ethereal ♡ (av, gif, bann, crackship) -- three days grace (song).
« Told you it was nice. » Tu lui ferais confiance, désormais. Généralement peu rassuré par les goûts qu'elle avait eus, gamine — la ferme qui lui foutait des étoiles dans les yeux, les pieds dans la boue qui la ravissaient. Mais comme tous, Mabel avait grandi. Mabel avait changé. Et vous étiez désormais sur une longueur d'ondes assez similaire pour que tu puisses te détendre, et te laisser aller aux choix qu'elle ferait. « It is. » T'es bientôt absorbé par le menu, les trop nombreux types de bière que tu ne peux départager. Sourcils froncés, les yeux passant d'un nom à l'autre sans trouver un sur lequel t'arrêter. Par où commencer ? Tu finis par demander à Mabel ce qu'elle avait commandé. Songeant à t'arrêter sur la même, pour commencer. Lèvres pincées, l'hésitation te passant dans les yeux. Tu n'as cependant pas le temps de plus y penser ; à tes côtés, la serveuse apparaît. Tu relèves le nez vers elle, sourcils froncés, et ignores la voix de la raison qui tente de percer. « Yeah, d'you have like, some kind of tasting flight ? » Sure, qu'elle te dit. Et te voilà parti. Sourire satisfait aux lèvres, à acquiescer. « I'll have one then. And a glass of water. » Pour la bonne mesure. « Thanks. » Rapidement, elle disparaît. Tes yeux ne la suivent pas, reviennent sur Mabel. T'es bien, là. Plus apaisé en sa présence que tu ne l'as été depuis des mois. Il était temps que tu retombes, tu ne crois pas ?
D'un rapide signe de tête, elle pointe ton bras — et tu remarques le bandage qui en dépasse. « What happened there ? » Toujours le même dilemme. T'avais pas envie de lui avouer le coeur de tes activités, Mabel qui ignorait tout ce que le monde recelait. Mais tu n'aimais pas lui mentir. Aucun plaisir à ça. « Does it explain why you haven't given me a call these past few months ? » T'en ris légèrement. Rien de drôle à ça, pourtant. « No. Not really. » Tu croises tes bras sur la table, coinces tes mains contre toi. La douleur tire ton avant-bras, mais tu ne le laisses pas paraître. « It's nothing, really. I was at a party with Marsali, I drank a little too much and I had a bad fall. I cut myself, but it's fine. Not as bad as it looks, I swear. » C'était le genre d'excuse que tu sortais sans compter. Et on y croyait. Un peu plus plausible qu'une mauvaise chute dans les escaliers, qui avait tendance à inquiéter. « Marsi stitched me up. » Ça, c'était plus ton genre. Et Mabel le savait.
« How's India ? » Ça fait retomber ton sourire, très légèrement. Il reste en place, mais tu hausses les épaules. « Good. She's at a championship in Edmonton. » Ça te laissait le temps de reprendre un peu de consistance. Tu pouvais pas souhaiter mieux. Un peu de paix, une nuit tranquille, et tu serais d'attaque pour la retrouver. « I'm sorry I didn't call. Really. » Ton sourire se fait plus doux. Tu reconnais ton manque de civisme, et tu ne le nieras pas. T'aurais eu besoin de voir Mabel plus tôt, et tu le réalises. Trop préoccupé pour y penser, mais l'excuse ne tenait pas. « It's been crazy since we moved back here. » Un soupir. Tu passes tes mains dans tes cheveux mouillés, regardes autour de vous. L'envie de tout lui dire, face à l'impossibilité de le faire. Tu reportes tes grands yeux sur elle. Tentes un nouveau sourire. Impatient de voir la bière arriver. « Didn't seem to catch a break. » Before today. Before calling you. God, I'm glad I did so.
« How are you ? » Mabel, vétérinaire. Mabel, qui commençait sa vie sur le marché du travail. T'en étais fier. Tu l'avais vu venir de loin, et tu n'oublierais jamais la gamine farouche qui n'était bien qu'avec ses bottes de caoutchouc aux pieds. Avait-elle vraiment changé ? « How's work ? D'you like it ? » Conversation civilisée. Ton sourire sincèrement intéressé. Ton esprit concentré sur elle et sa vie, pour oublier la tienne. Au fond, c'était tout ce que tu voulais.
Prendre un verre en bonne compagnie, Et oublier.
J'peux compter sur toi, n'est-ce pas ? Tu m'laisseras pas tomber.
Tu as l'esprit léger, le sourire facile. Peu de gens savaient te mettre à l'aise comme Akan. Ton cousin t'avait juste toujours accepté comme tu étais, sans te demander de changer, et sa présence t'était réconfortante. Oui, ça faisait déjà trop longtemps que tu l'avais vu. Mais Akan avait de ces vies qui ne cessaient jamais de bouger, dont tu avais parfois du mal à garder le fil. Les commandes passées, ne reste plus qu'à attendre les verres, et tu es bien détendue malgré les rares fois où tu sors vraiment dans ce genre d'endroit. Tu avais un quotidien assez tranquille, enchaînant tes journées sans grande excitation, mais c'était comme ça que tu aimais vivre. Akan, lui, c'était bien différent - comme semblait en témoigner le bandage autour de son bras.
« It's nothing, really. I was at a party with Marsali, I drank a little too much and I had a bad fall. I cut myself, but it's fine. Not as bad as it looks, I swear. Marsi stitched me up. » Tu acquiesces lentement, gardant un oeil sur les traits de ton cousin. Une lueur malicieuse, dans tes yeux. Tu le croyais et en même temps, pas vraiment - mais tu n'allais pas insister. Ça ne t'étonnerait même pas qu'il se soit mis dans les ennuis d'une manière ou d'une autre, surtout avec sa meilleure amie. « I think it's definitely a good thing that your best friend is a nurse. » Tu lui lâches simplement, la voix légèrement taquine. Il n'y avait bien que lui qui sortait ce côté là de toi.
Le sourire d'Akan tremble un peu, à la mention d'India, et tu redoutes le pire. « Good. She's at a championship in Edmonton. » Ça s'arrête là - et ça te fait froncer les sourcils. Tu espérais que ça allait toujours entre eux. « I'm sorry I didn't call. Really. It's been crazy since we moved back here. Didn't seem to catch a break. » Tu lui donnes un sourire rassurant, secouant légèrement la tête. « Don't worry about it. I understand. » Tu savais comment la vie pouvait prendre le dessus, parfois. Mais tu commençais à t'inquiéter pour lui - et tu savais qu'Akan ne serait pas du genre à vouloir t'emmerder avec ses soucis. Tu t'assureras de lui demander, mais tu ne sais pas trop comment t'y prendre.
« How are you ? How's work ? D'you like it ? » Il ramène la conversation sur toi - ça ne te gêne pas, car tu n'as, au fond, pas grand-chose à raconter. « I do, yeah. It's going well. I'm still getting used to everything, but I feel good about it. » Tu es sincère - ton quotidien s'était trouvé sans trop d'efforts. « And it's just so nice to be with animals every day. » Voilà une partie de toi que tu ne pourrais jamais laisser de coté. « I also have a new neighbor, a girl my age who has a son. We keep each company, it's nice. » La serveuse arrive à ce moment-là avec vos consommations. Tu la remercies, levant ta pinte à la santé de ton cousin. « To this overdue conversation. » Tu dis doucement, cognant ton verre contre le sien.
« What about Marsali, then ? How is she doing ? » Tu décides de prendre la conversation par un autre angle. Mais tu comptes bien essayer de voir ce qui ne va pas trop, avec ton cousin.
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